« Grandis un peu ! »
Je m’entends prononcer cette phrase dans ma tête alors que je répète pour la énième fois la même chose à ma fille de 7 ans.
Et ça m’épuise.
« Débarasse ton assiette! »
« Finis ton verre d’eau »
« Ne laisse pas trainer tes affaires parterre ! Mets-les dans le panier ! »
J’ai l’impression d’être un disque rayé. Ou bien, plutôt, une sorte de rabat joie qui passe son temps à pointer tout ces petits trucs qui ne vont pas.
Et j’en ai marre !
J’aimerai
Que tout soit plus simple !
Rentrer après ma journée de travail et pouvoir partager des moments conviviaux en famille.
Rire, écouter, jouer.
Mais la réalité est toute autre :
J’ouvre cette porte qui mène dans mon salon et je constate avec usure l’étendu des dégâts laissés par la bombe (entendez par là ma famille) qui a explosé dans la maison en mon absence.
Puis, c’est l’heure de passer à table.
Mon cher et tendre à (encore) fait à manger car (oui) j’ai encore travaillé tard.
Je le sens à fleur de peau !
Il a déjà eu son lot : boulot, devoirs, repas. Il est fébrile.
Alors, je fais profil bas et je range. Je ramasse.
Au revoir canapé !
Je rêvais de te rejoindre mais ce n’est pas pour maintenant.
Peut-être plus tard, si je m’en sens encore capable.
D’abord, je vais chanter la mélodie du soir à la dernière (sans doute encore Raiponce ou Vaïana pour la 100 000ème fois).
Ecouter patiemment les 3 puces me raconter, chacune leur tour, leurs journées et mésaventures.
Enfiler une tenue plus confortable et constater avec effroi l’heure indécente qu’affiche l’horloge.
Alors, mon cher canapé, peut-être que je vais te rejoindre mais prépare moi un bon coussin. Il est probable que je m’endorme.
Comme une vieille ritournelle
Après chaque reprise, c’est la même rengaine (et le déconfinement a été une reprise digne d’une rentrée scolaire !)
Une sorte de métro- boulot- dodo mais (heureusement) sans le métro 😉
Mais…..c’est bien parce que cette rengaine est un incontournable du répertoire que je la connais justement par cœur. Je sais reconnaitre, aujourd’hui, ces symptômes qui précèdent le sentiment d’avoir la tête sous l’eau.
Et je sais aussi qu’il ne tient qu’à moi d’y réagir. Je suis la seule à pouvoir agir pour ne pas subir.
C’est évident, pour tout ce qui est déjà prévu au planning, il va falloir faire le dos rond. Mais je suis en mesure d’alléger les journées qui suivent.
Grandis un peu !
En réalité, cette phrase, je me l’adresse plutôt à moi avec un peu de recul.
Elle signifie :
« Utilise ton expérience ! »
« Tu n’es pas sur le point de fêter (non sans pincement au cœur) 42 ans pour rien. »
Une vraie réalité ! Mais comment évoluer ? Comment prendre du recul?
Merci pour ce bel article, qui tombe encore dans le mille !