Alors que ma fille ainée commence la traversée qui va déterminer en elle beaucoup de choses –celle de l’adolescence-, je la regarde parfois « avoir mal » sans pouvoir vraiment l’aider.
Comme un miroir me renvoyant une « vieille image » de moi, je comprends –avec l’expérience en plus- certaines pages de mon histoire en la regardant face à ses problèmes d’ado.
Un soir je suis montée dans sa chambre suite à un échange un peu houleux.
En la voyant avec son visage d’enfant plein de larmes, perdue dans son nouveau corps de femme, j’ai décidé qu’il était temps d’avoir cette conversation.
Une conversation destinée à deux adolescentes : celle d’aujourd’hui et celle que j’ai été moi-même et qui avait peut-être aussi besoin de faire la paix avec elle-même.
« Je suis trop conne »
Voila, c’est dit.
C’est ce qu’elle ressent.
Comment la blâmer alors que je lutte encore aujourd’hui pour ne plus me dire ce genre de méchanceté.
Comment désapprendre quelque chose qu’on nous a inculqué depuis toujours : le jugement.
Et l’adolescent est la cible privilégiée de tous les juges en puissance car lui-même n’a jamais été aussi critique.
« Tu ne me fais plus confiance »
La vérité ma chérie, c’est que je ne sais pas si un jour je t’ai réellement fait confiance.
Je n’ai même pas vraiment entière confiance en moi-même ou en qui que ce soit.
D’ailleurs est-ce possible ?
Le doute ne fait-il pas partie de la normalité des choses ?
Tout ça, c’est trop complexe. Je ne suis pas ta thérapeute, je suis ta mère.
En tant que telle, la seule chose que je peux faire est de te parler avec mon cœur et te dire ce que j’aurai dit à l’ado que j’étais pour la rassurer.
Inconditionnellement
Oui, par moments tes réactions me dépassent.
J’imagine que tu ne comprends pas non plus toujours les miennes.
Je vais te décevoir.
Tu vas me décevoir aussi.
Et rien que de te l’avouer, je me déçois car :
« Je t’aime tellement !»
Tous ces sentiments paradoxaux me tordent l’estomac parfois :
« Comment peut-on aimer aussi fort et être autant en colère à la fois ?! »
Je ne suis pas parfaite et j’ai beau essayer de toutes mes forces de faire ce qu’il faut, comme toi, parfois je suis perdue.
Nous avons les mêmes peurs.
Celle de mal faire, celle de perdre la confiance de l’autre.
Si tu ne retiens qu’une chose de tout ce que je te dis, ce doit être celle la :
« Je t’aime inconditionnellement.
Je t’aime quoique tu fasses, quoique tu dises. »
Ce que tu dis et ce que tu fais c’est une chose.
Ce que tu es en est une autre.
Je t’aime telle que tu es.
Sans conditions.
Et cette tendresse que j’ai pour toi m’aide, aujourd’hui, à porter un regard bien plus doux sur l’ado que j’ai été et la femme que je suis devenue.
« L’Amour vrai rend toujours meilleur, quelle que soit la personne qui l’inspire »
Alexandre Dumas fils