Oser te lâcher!

Aujourd’hui, j’ai compris quelque chose.

J’ai réalisé que je devais être là pour toi mais sans m’agripper.

 

Oui, jusque là, j’avais tendance à m’agripper (et sans doute que je le ferai encore parfois).

Certains emploieront une autre expression :

« Te couver ».

 

Peu importe, je suis sans doute parfois très protectrice.

Et ça a aussi de bons côtés.

 

Maman est là !

 

Ce que j’ai compris aujourd’hui, je vais te le résumer à travers cette petite histoire de vie.

Car aujourd’hui, pour la première fois, tu as roulé sans « soutien » comme une grande.

« Au revoir les petites roues !

A toi les balades à vélo à grande vitesse ! »

 

Tout a commencé quand lors d’une discussion, j’ai appris qu’une de tes copines roulait « comme une grande ».

Tu l’as entendu et alors tu m’as dit :

« Moi aussi, je veux enlever les petites roues. »

 

J’étais contente (et à la fois un peu stressée).

« Allons-y ma puce.

Battons le fer tant qu’il est chaud »

 

Ni une, ni deux, nous sommes allées dans le garage pour « bricoler » le vélo et le mettre en configuration « grande ».

Pas évident, au passage, de s’y retrouver dans les outils de papa.

Mais nous y sommes arrivées.

 

Et tu t’es lancée après quelques conseils et explications techniques.

 

« Tu me tiens maman hein !

Tu ne me lâches pas ! »

 

Evidemment, je t’ai tenue.

Chaque soir de la semaine, je t’ai tenue.

 

Te laisser tomber?

 

Mon dos, mes jambes, mes bras, mes encouragements, t’ont soutenu avec vigueur.

 

Comme tu penchais dangereusement sur la gauche, je n’osais pas te lâcher.

Je sentais ta crainte de tomber.

Et j’avais aussi peur.

 

J’ai douté.

J’ai eu peur pendant un instant que tu n’y parviennes pas.

Ou pas avant longtemps.

Je voyais bien que tu ne trouvais pas ton équilibre.

Alors je n’osais pas te lâcher.

 

Te laisser tomber?

 Inenvisageable.

 

Chaque soir, je t’ai fait croire que tu avais roulé « un peu toute seule » pour que tu prennes confiance.

Tu y croyais.

Et moi je doutais.

 

J’ai lâché prise

 

Et puis, hier soir, j’ai accepté de te lâcher.

Pendant une fraction de seconde, j’ai arrêté de réfléchir.

 

Toutes mes angoisses se sont envolées.

Je t’ai rééquilibrée d’un coup de poignet tout en te propulsant en avant.

Et tu es partie.

 

Il a suffit que je te le dise :

« Ca y est chérie.

Je ne te tiens plus.

Tu roules toute seule. »

 

Ton visage s’est éclairé.

Tu en étais capable et ça se voyait enfin.

 

L’art d’être une maman

 

A travers cette tranche de vie somme toute banale, j’espère retenir une leçon qui me servira pour tes sœurs et toi.

Une chose que j’applique pourtant en tant que thérapeute au quotidien mais qui me semblait inconsciemment si compliquée avec vous trois : il est important que je sois là pour vous soutenir mais il est tout aussi important que je ne m’agrippe pas.

Je veux que tu puisses être heureuse, audacieuse et aller de l’avant et si je m’agrippe, j’ai conscience que je te freine.

 

C’est tout un art de trouver un équilibre entre soutien et étouffement.

C’est tout un art d’être une maman.

 

 

 

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