L’adolescence est une période plus ou moins lointaine pour chacun de nous mais que nous avons toutes et tous traversée (avec plus ou moins de difficultés).
Certains souvenirs restent incrustés dans mon esprit. Parmi eux, les plus clairs, restent ceux liés à l’amitié, aux fous rires, aux initiatives malheureuses et surtout aux interdits bravés.
En pensant à l’ado qu’elle deviendrait un jour, je me souviens avoir dit, quand mon aînée n’était encore qu’un petit bout de chou :
« Moi, elle ne pourra pas m’avoir !
Avec toutes les bêtises que j’ai faites, je la verrai arriver à des kilomètres. »
Et pourtant, aujourd’hui je me sens juste dépassée.
Larguez les amarres
Qui l’eut cru ?
« Pas moi en tout cas »
Ma petite fille si sensible, si douce autrefois me déconcerte souvent aujourd’hui.
Bien sûr, je ne dirai pas que je suis déçue par son comportement.
« Ce serait horrible ! Non ?! »
Mais si je suis honnête avec moi-même, il y à un peu de ça quand même.
Jusque là, même dans les moments d’usure, de fatigue, j’avais le sentiment d’avoir une forme de contrôle sur les choses.
Oui, je l’avoue. Je fais partie de ces mères qui souhaitent tellement bien faire qu’elles en deviennent parfois énervantes.
J’aime que mes enfants soient polis, travailleurs, serviables, respectueux, organisés….
« OMG, parfaits quoi ! »
Et comme une corde robuste qui relie un bateau au port, j’empêche mes petits navires de dériver autant que je peux.
Mais voilà ! Ma grande est devenue « une ado » et sans m’en demander la permission, parfois, elle largue les amarres.
« Cc »
Voilà comment démarrent tous ses SMS ou ses snaps.
Si on m’avait dit il y a à peine un an que MA fille ne saurait plus me parler et ne communiquerait avec moi que par ce satané téléphone, JAMAIS je n’y aurai cru.
« Pas elle »
De ses tous premiers SMS il y a 3 ans, bien écrits et au contenu parfois touchant, je suis passée à des :
« Cc tu peu me chercher à 15 stp »
Du rôle d’amarre, je suis passée à celui de simple moyen de transport.
Elle ne me sollicite plus que pour l’intendance.
« Je ne la reconnais plus »
Un phare dans la nuit
J’aimerai être sûre de m’y prendre comme il faut.
J’aimerai pouvoir vous dire que j’ai trouvé une solution miracle.
Ce serait vous mentir (tout en me mentant à moi-même d’ailleurs !)
Aujourd’hui encore, je suis passée par toutes les émotions suite à un de ses appels.
Vous savez cet ascenseur émotionnel dans lequel nous montons malgré nous bien trop souvent quand on devient maman.
Celui où tu passes de la colère à la culpabilité aussi vite qu’une Porsche de 0 à 100km/h.
Ce qui me permet de tenir, de passer cette houle en gardant le cap, c’est que :
Je me vois comme un phare.
Bizarre hein ?!
« Attendez que je vous explique ! »
A quoi ça sert un phare, si ce n’est à permettre aux bateaux de retrouver leur chemin dans le noir et les tempêtes.
Voilà donc ce que j’essaie d’être du mieux que je peux pour cette ado qui parfois prend le large dans ses comportements, ses choix, ses prises d’initiatives essentielles à son développement.
J’essaie de rester à une distance qui lui permette de naviguer tout en se sentant en sécurité. Pas toujours évident de trouver l’équilibre entre les deux.
Alors pour continuer d’émettre mon signal lumineux, malgré la colère, la tristesse, les frustrations, j’ai besoin d’énergie.
Et j’ai compris aujourd’hui que pour la préserver, il me faut prendre du temps pour moi.
Des temps de retrouvailles seule avec moi-même posée ou en nature, un temps de retrouvailles avec mes amies pour cultiver aussi ma vie sociale si essentielle à mon bien-être, un temps de retrouvaille avec ma vie de femme en aménageant des moments (encore trop rares) avec mon mari.
Et j’ai le sentiment que ce temps, cette bienveillance que j’apprends à m’accorder lui seront aussi bénéfiques à elle qu’à moi.
Bonjour!
J aime beaucoup vos posts, que je lis avec attention.
Moi, j ai un pré-ado, de 11 ans… Mais en vérité j ai déjà un ado. Votre article m a fait sourire car moi je n ai jamais de textos, il se débrouille seul. Je n ai jamais de bisous, il est renfermé.
Votre ado communique, même peu, même si vous avez l impression que c est pour l intendance.
Le mien n est que le reflet de lui même. Je suis sûre qu’ en me lisant vous vous direz » mais diable comment peut-elle faire un si triste constat de son fils !! »
Mon fils a été violé pendant 4 ans par son oncle..alors oui, l adolescence c est une période ingrate, pour nous mais beaucoup plus pour nos ados.
Aujourd’hui mon fils vit dans la peur d un agresseur resté libre malgré l attente de son procès et les 20 années d emprisonnement qui lui sont dues.
Profitez de votre ado scotchée à des applis, même si elle vit dans un autre monde.. parce qu’ au moins elle vit..
Le mien survit.
Je vous souhaite de trouver un équilibre et de trouver vos marques dans cette période difficile.
Pardon pour la violence de ma répondre mais j aimerai que mon fils soit comme votre fille.. Normal…
Ne vous excusez pas. Merci d’oser écrire ce témoignage qui permet de prendre aussi du recul. Je partage avec vous le fait que ce passage qu’est l’adolescence est un passage déstabilisant mais normal. Dans mon métier, je vois au quotidien des gens en « vraie » souffrance et je comprends donc très bien de quoi vous parlez. Mes articles n’ont pour seule prétention que de parler des paradoxes de la vie qui nous animent et parfois peuvent être lourds aussi normaux soient-ils. La fatigue, le peu de temps pris pour soi qui peuvent sembler être des choses banales et anodines peuvent amener pourtant à des situations extrêmes et mon seul souhait est de parler de sujets simples mais souvent tus car justement considérés comme quelque chose de banal. La pression de la « réussite » s’est insinuée dans tous les domaines aujourd’hui et si parler de ces sujets de tous les jours et des émotions qu’ils provoquent en moi me fait du bien, j’aime à croire que certaines lectrices y trouvent aussi une forme de réconfort en sentant qu’elles ne sont finalement pas seules et justement normales. Ce que j’aime par dessus tout dans le fait de tenir ce blog, c’est la possibilité de lire en retour des personnes comme vous qui ont le courage de s’exprimer sans tabou et partager leurs émotions. Merci à vous.
J aime beaucoup vos témoignages! On y sent la réalité et on peut sentir que vous savez relativiser !!! Heureusement peu de gens vivent mon calvaire…
En tout cas je vous remercie pour le temps pris à la lecture de mon témoignage.
Bien à vous