Me voilà, une fois de plus, à répéter pour la énième fois à ma fille de venir à table.
Combien de fois au juste je l’ai répété ?! Je ne sais plus.
« Au moins trois c’est sûr ! »
Et elle est là, à avancer en trainant sur le trajet (de 2 pauvres mètres) qui sépare la table basse (transformée en écurie à poneys imaginaire) et son repas entrain de tiédir.
Je perds mon calme
Promis, j’ai essayé !
J’ai tout fait pour ne pas crier (ton calme, prévenir un peu à l’avance que dans 5 minutes on va passer à table, répétition patiente, menaces que je ne tiendrai peut-être pas).
Mais voilà, je craque.
« A table bon dieu !
Il faut te le dire dans quelle langue ?! »
A cet instant précis, j’ai envie de la massacrer.
Selon les jours
Dans les bons jours, où je suis globalement en forme, pas trop stressée et bien vissée, elle va s’en tirer avec cette exhortation sèche et un regard noir.
Puis, nous pourrons déjeuner tranquillement et passer à autre chose.
Mais parfois, la cocotte est pleine :
Mauvaise nuit ou trop courte, mal fichue ou c’est peut-être aussi juste que Melle Charlotte a atteint le quota d’usure du jour (vous savez un peu comme le capital soleil, une fois qu’il est grillé, ça passe plus !)
Et là, au regard noir et au ton sec s’ajoutent des pics réprobateurs jusqu’à voir perler les larmes aux coins de ses yeux qui valident en moi le fait qu’ « elle a bien compris cette fois ».
La culpabilité
Vient alors le temps du cœur de mère : celui où la culpabilité crève le cœur.
« Tu t’es acharnée jusqu’à ce qu’elle pleure. T’es malade ma pauvre ! »
Alors comme un ange et un démon se lançant dans une sorte de combat à l’intérieur de ma tête, l’un tente de justifier son acte quand l’autre lui reproche.
Et le plus dingue la dedans, c’est que quand mon mari pète un plomb pour les mêmes raisons, je lui demande de se calmer et je suis bouche bée devant ce qui m’apparait de l’extérieur comme une réaction tout à fait disproportionnée.
« Va comprendre ! »
Têtue comme une mule
Ma fille, c’est mes tripes, mon sang, la prunelle de mes yeux.
Mais ma fille est une tête de mule, c’est un fait !
Bien évidemment, je suis la seule à avoir le droit de le dire hein ?!
Avisez-vous de la critiquer et maman sort ses griffes 😉
Elle ne peut jamais (je dis bien jamais) faire ce qu’on lui demande du premier coup.
L’obéissance : ce n’est pas son truc.
L’esprit de contradiction : c’est sa marque de fabrique.
Ceci dit, pour sa défense, je n’aurai que cela à dire :
« Les chiens ne font pas des chats. »
Accepter
Ce qui aujourd’hui me permet de me sentir mieux dans mon rôle de mère que je ne l’ai été à mes débuts, c’est ce travail sur l’acceptation fait de gré mais aussi par la force des choses.
Elle a cette part de moi, cette part imparfaite, que je n’étais ni prête à voir ni à admettre pendant longtemps.
Admettre et accepter, sans la juger.
Et puis, elle a cette grande part d’elle-même.
Accepter que son caractère soit ce qu’il est avec ses côtés irritants comme ses côtés tellement touchants.
Accepter qu’il en soit de même pour moi.
L’aimer.
Et la gronder quand c’est nécessaire pour elle comme pour moi 😉
Ooooh comme je me reconnais… Maman de plusieurs enfants dont des petits, je me sens parfois harpie jusqu’au fond de mon être… mais ne tolère pas que mon mari fasse de même, auquel cas je sors mes griffes de mère-lionne. Il est dur d’accepter cette part ultra-autoritaire et mauvaise qui se tapit en soi. Pour cela il faut sans doute juste reconnaître ses faiblesses et ses imperfections, c’est un combat quotidien !