« Encore combien de dodos avant que je revoie mes sœurs, maman ? »

Ca y est nous y sommes !

 

L’inévitable, ce que je redoutais :

Le manque lié à la séparation une semaine sur deux qui, jusque là, avait épargné ma petite dernière et qui commence à s’infiltrer sournoisement.

 

Elle regarde partir ses sœurs un vendredi sur deux et un nouveau rituel qui me fend le cœur s’installe depuis peu :

« Elles partent chez leur papa aujourd’hui ?

Mais je vais être toute seule. Qui va dormir avec moi ?

Encore combien de dodos avant qu’elles reviennent, maman ? »

 

Comment lui éviter cette tristesse ?

Comment la préserver ?

 

J’ai tant donné pour qu’elles soient sœurs.

Tant donné pour que le fait qu’elles n’aient pas le même père soit un détail pour elles.

 

Bravo, c’est réussi ! Et maintenant ?

 

Cœur d’artichaut ou course à la perfection ?

 

J’ai beau savoir que la vie n’est pas un conte de fée, beau travailler sur moi et prendre du recul :

J’ai un cœur d’artichaut.

 

Il faut se rendre à l’évidence…..

 

Mais pas que….

Soyons honnête.

J’aime savoir où je vais :

  • Eviter les écueils au maximum en anticipant
  • Communiquer un maximum pour éviter les malentendus
  • Organiser et mettre en place tout ce qu’il faut pour que tout se passe bien et préserver au maximum les gens que j’aime

En sommes, j’aime avoir le contrôle sur ce qui se passe et ce qui m’attend.

J’aime maîtriser et anticiper au mieux ce qui pourrait arriver aux personnes que j’aime.

 

Et le fait que mes deux grandes partent une semaine sur deux, c’est absolument hors de tout contrôle pour moi.

 

Je suis impuissante face à leurs départs, impuissante face à cette séparation.

 

Au début, cette séparation, je l’ai très mal vécu, très très mal (cf Maman en alternance : la valse des sentiments).

Et puis, j’ai appris à lâcher prise paradoxalement en reprenant le contrôle :

  • Sur ma vie de femme
  • Sur ma vie de couple
  • Sur ma vie professionnelle

J’ai équilibré ce lâcher prise forcé avec un contrôle sur d’autres sujets : il faut croire que ça me rassure 😉

 

Mais là, il s’agit de la petite.

Elle n’a que 4 ans.

Et je ne peux pas contrôler ses émotions, ni la situation.

Alors, je me sens impuissante.

Encore.

 

L’angoisse de la séparation

 

« Loin des yeux, loin du cœur »

Tout le monde connaît cette citation.

 

Elle fait peur et nous nous en défendons tous :

« Moi, je ne suis pas comme ça ! »

« Nous ce sera différent ! »

« Tu verras, on gardera le contact ! »

 

Qui n’a jamais connu de séparation amicale, professionnelle ?!

Un changement de domicile, un changement de travail ?!

 

Et du quotidien presque fusionnel, on passe à la séparation, l’éloignement.

Et malgré toutes les bonnes intentions, les résolutions, les promesses sincères…….le quotidien prend le dessus…..

Les coups de fils s’espacent…

 

Un enfant, c’est surprenant et inspirant

 

Alors, là où je me voile la face en me disant :

« Oui mais là, il s’agit de ses sœurs. C’est différent !

L’adage  « loin des yeux, loin du cœur » ne PEUT pas être vrai dans CE CAS. »

Ma fille m’ouvre les yeux.

 

La tristesse est bien là au moment de la séparation mais elle ne dure qu’un laps de temps.

 

Là où moi, je continue de souffrir en imaginant que sa tristesse perdure : j’interprète.

Je fais de mes peurs une réalité qui n’existe que dans ma tête.

 

Car  aussi dur que ce soit à admettre : ma fille est déjà passée à autre chose.

 

Il a suffit que je lui dise :

« Et bien, cette nuit, tu pourras mettre 3 doudous de plus dans ton lit et tu les mettras à la place de Margot, comme ça tu ne seras pas seule. »

Et son visage s’est illuminé.

La tristesse a disparu.

 

Si facilement.

C’est possible ?!

 

Je n’en reviens pas : sa sœur contre 3 doudous.

C’est juste horrible.

 

Ou bien non, en fait.

C’est juste génial.

 

Elle est innocente. Ne se soucie pas encore des apparences.

Elle est naturelle.

Et la séparation fait déjà partie de sa vie depuis toute petite.

Comme à nous tous en fait.

 

Nous en souffrons d’autant plus que nous focalisons dessus et intellectualisons.

Nous, adultes, associons des tas de peurs à la séparation fondées sur des croyances, des valeurs souvent héritées.

 

Elle ne les a pas ces peurs….pas encore.

Et finalement, c’est très bien comme ça.

Elle m’inspire.

Elle me surprend.

 

J’envie son naturel.

Sa capacité à exprimer toute son émotion au moment où elle la ressent puis à passer à autre chose une fois celle-ci passée.

Elle n’est pas formatée. Pas bourrée de principes limitants pour elle et ceux qui l’entourent.

 

Et j’ai envie de préserver ça au maximum.

Pour elle.

Et peut-être même l’observer encore plus pour m’inspirer de sa capacité à être elle.

Sa capacité d’enfant à lâcher prise naturellement.

A passer à autre chose.

 

J’apprends chaque jour

 

Je prends conscience de plus en plus de tout ce que le fait d’être devenue une maman m’a apporté.

Je savais bien, dès le départ, que devenir mère allait me faire grandir.

Mais je pense que j’étais loin de me douter à quel point.

 

Chaque jour, chaque semaine, chaque année, à chaque pas de plus de mes filles dans la vie, j’apprends en les accompagnants.

J’apprends à être mère, à transmettre….

Mais j’apprends aussi beaucoup sur moi.

 

Et, sans le vouloir, ces petits bouts de femmes me donnent de belles leçons de vie.

 

Cette capacité à exprimer leurs émotions sans peur du jugement.

Cette simplicité.

Finalement, tant de choses que j’apprends à redécouvrir chez moi au prix d’un travail quotidien.

 

J’envie cette facilité à simplement vivre chaque instant avec ses peines et ses joies sans intellectualiser ni le présent, ni l’avenir.

Sans toutes ces peurs qui me limitent parfois.

 

Et je prends conscience qu’il m’appartient d’en prendre soin au mieux….

 

C’est certain, ce ne sera pas parfait, je vais faire des erreurs…encore.

Il y aura des séparations….encore.

Des larmes….

 

Mais aussi des retrouvailles.

Des rires.

Des moments de joie et de partage.

De franches rigolades.

 

Alors, à cette question :

« Encore combien de dodos avant que je revoie mes sœurs ? »

Je vais répondre :

« 7 dodos ma puce »

 

7 dodos où tu pourras :

  • Prendre toute la place dans le lit pour y mettre tous les doudous que tu veux
  • Jouer calmement aux jeux que tu ne prends pas le temps de sortir quand tu es avec tes sœurs et que tu es surexcitée

 

Et puis, dans 7 dodos, tes sœurs seront de nouveau là, et tu n’auras même pas vu le temps passer parce que tu es comme ça : tu es pleine de vie 🙂

 

 

 

5 thoughts on “« Encore combien de dodos avant que je revoie mes sœurs, maman ? »”

  1. Magnifique article. J’ai une petite fille de 4 ans et avec mon nouveau compagnon nous aimerions un bébé mais beaucoup de questions se posent et je n’arrive pas à y répondre. Comment ne pas exclure la grande dans cette nouvelle famille? Comment gérer ses tels que l’on passera sans elle? Comment réussir à garder l’harmonie d’une famille unie quand la chair de ma chair ne sera pas la? Et ce nouveau papa ne fera t’il pas de différence entre ces deux enfants? Je ne trouve malheureusement pot l’instant aucune réponse à tout cela

    1. Ecoutez votre cœur. Jusqu’à maintenant, il ne m’a pas évité les blessures mais il a su aussi me guider vers mes plus beaux moments de vie. Je crois que le bonheur est quelque part dans cet équilibre entre les 2 et qu’à vouloir à tout prix éviter les risques, nous risquons de perdre les plus beaux moments car il se cachent souvent derrière. Enfin, pour moi en tout cas. Je vous souhaite que ce projet « prenne vie » 😉

    2. Je me pose exactement le smemes questions…j’angoisse énormément…je sais que je veux un autre enfant…mais j’aurais souhaité que ce soit ses « vrais » frères et sœurs. Je ne vois que par ma fille je ne veux surtout pas qu’elle pense qu’elle perd sa place…ou qu’elle en veuille à ses futurs frères et sœurs d’être avec papa et maman et Pas elle…dieu que c’est compliqué! J’aimerai aussi des réponses, que l’on me rassure mais je crois qu’il n’y en a pas :/

  2. Je ne suis pas maman … Un jour peut être … Je suis une  » belle maman » comme on dit … Je voulais juste vous dire que j aime beaucoup vous lire ! Je suis touchée par ce que vous écrivez à chaque fois. Merci à vous de retranscrire vos émotions ,leur émotions, vos pensées et ceux de vos proches …

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