L’insouciance de l’enfance qui facilite les liens.
Les liens du sang, la famille, ce cocon dans lequel nous avons grandi.
Les parents, frères et sœurs, papis et mamies : eux qui ont été nos premiers repères.
Une grande partie de ce que nous sommes devenus a été construit avec eux et par rapport à eux :
ces personnes qui font partie de ma famille et qu’enfant j’ai toujours aimés naturellement, « sans me poser de questions ».
Oui mais voilà, nous avons grandi et chacun a construit sa propre famille.
Le temps, la distance, les expériences de la vie ont atténué nettement cette « complicité naturelle » que l’on a quand on se côtoie quotidiennement et que l’on est un enfant (sans soucis et surtout sans opinions bien marquées).
Les tensions dans les repas de famille.
« Les repas de famille c’est comme les chocolats fourrés :
Tu y vas plein d’espoirs et d’appréhensions en même temps parce que tu ne sais jamais vraiment comment ça va se passer. »
J’ai été rassurée de croiser ces dernières années des personnes qui m’ont fait comprendre que ma famille était tout ce qu’il y a de plus normale avec ses travers car derrière la façade « petite maison dans la prairie », il y a :
- Des complexes d’infériorité issus de l’enfance et des différences et comparaisons faites (sans malveillance mais non sans conséquences) par la famille, les enseignants, les amis….
- Des rivalités inconscientes (De qui les parents sont le plus fiers ? Qui s’en est le mieux « sorti » ?)
- Le sentiment d’avoir grandi dans l’ombre d’une personne qui a toujours pris toute la place.
- Le sentiment d’avoir été lésé par rapport à la petite dernière qui était sur protégée et qui elle « n’en a pas bavé comme nous ».
- Le sentiment que « Au fond, nous n’avons pas grand-chose en commun et de toute façon elle sait toujours tout mieux que tout le monde».
- L’impression parfois de devoir à tout prix entretenir un lien avec des personnes qui ne savent même plus vraiment qui tu es aujourd’hui et avec qui tu ne partages plus beaucoup de points communs.
Mais….
- «C’est quand même ma sœur malgré tout !»
- Au fond, ce qui te fait souffrir, c’est que tu les aimes autant qu’ils t’énervent. C’est plus fort que toi !
Alors quelle est la solution ?
Comment faire pour entretenir ce lien avec cette sœur, ce frère, cette mère que tu aimes et qui te rends chèvre en même temps ?
3 étapes pour adoucir des liens complexes.
Que vous ayez évolué dans son ombre ou que vous vous sentiez juste aux antipodes de votre sœur (ou toute autre personne proche), elle reste néanmoins une personne qui compte ou a beaucoup compté.
La 1ère étape pour transformer cette tension, ce stress, cette irritation que vous ressentez quand vous vous voyez, est de vous demander :
-
Quelle relation j’ai envie d’avoir avec elle ?
Si vous vous retrouvez dans cet article, il est probable que votre souhait se porte plutôt sur l’envie d’avoir des rapports cordiaux, agréables plutôt que sur une recherche absolue d’une complicité fusionnelle.
En tout cas, c’est une question essentielle dont la réponse vous permettra de trouver l’orientation que vous donnerez aux étapes suivantes.
Si vous ressentez des tensions récurrentes au contact de cette personne et que vous êtes tiraillée entre votre envie de mettre des distances et la crainte des conséquences que cela entrainerait….
- risque de rupture des relations familiales,
- de gros malaises dans les réunions de famille,
- culpabilité.
….mettez au clair dans votre tête ou sur papier ce que cette personne représente pour vous aujourd’hui (positif et difficultés) et ce que vous attendez de cette relation.
Exemple :
J’aimerai voir ma sœur à petite dose et y prendre du plaisir et je ne souhaite pas en faire un personnage essentiel de mon quotidien (je n’en ressens pas le besoin ni l’envie).
J’aimerai avoir une relation régulière avec ma mère car j’ai envie de la voir plus souvent et dans cette relation je veux avoir des échanges agréables qui ne tournent pas aux leçons de morales ou aux conseils récurrents sur mon mode de vie et l’éducation que je donne à mes enfants.
Selon l’orientation que vous venez de décider de donner à cette relation, vous allez maintenant pouvoir trouver comment vous y prendre pour que cela soit réalisable et pouvoir avoir des rapports agréables qui ne s’apparentent plus ou nettement moins souvent à de la contrainte.
-
Les limites et la bienveillance comme garanties.
Il y a 2 éléments essentiels aux rapports sains avec autrui :
Les limites et la bienveillance.
Le jour où j’ai compris ça, j’ai nettement limité les sources de stress et de conflits dans mon entourage.
Je vous mentirai si je vous disais qu’il n’y en a plus 😉
En tout cas, il y en a nettement moins et moi ça me convient bien comme ça.
Qu’est ce que la bienveillance ?
« La bienveillance est la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur de chacun. » Définitions Web
En clair :
C’est l’envie et la détermination d’avoir un état d’esprit positif et bien intentionné envers soi et les autres dans la manière de se comporter et de communiquer.
La bienveillance est donc opposée à :
- L’envie de « régler des comptes»,
- Au fait « de s’écraser» tout en sachant que l’on va avoir de la rancoeur,
- L’envie « de remettre la personne à sa place».
Quel est l’intérêt d’une limite ? Comment la poser sans que « ça dégénère » ?
Les limites sont là pour marquer votre « zone de liberté » et celle des autres.
Elles sont nécessaires pour que chacun puisse s’y retrouver dans la relation et pouvoir s’affirmer sans « étouffer » l’autre.
« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » John Stuart Mill
Une chose est sûre, c’est que personne (à part vous-même) n’est dans votre tête et ne sait quels sont vos besoins essentiels pour vous sentir à l’aise dans une relation.
Certains sujets, certaines manières de communiquer ont le don de vous mettre sur vos gardes et de vous mettre en état de stress.
Commencez par les identifiez.
Dans la relation avec cette personne proche, quels sont ces sujets récurrents, quelles sont ces expressions ou ces tons employés qui ont le don de vous agacer, vous faire de la peine ou vous énerver franchement ?
Vous avez trouvé ? Listez-les.
Ce sont vos limites à poser avec cette personne pour garantir des échanges sains et agréables.
Venons-en au sujet épineux :
« Comment vais-je m’y prendre ? »
Pour que l’échange se déroule bien et soit constructif, la base est de ne pas perdre de vue la bienveillance.
Ces limites que vous souhaitez poser ; vous voulez les poser pour donner une orientation positive à votre relation et non l’inverse.
Communiquer en donnant le sentiment à l’autre qu’il a commis une erreur ou que vous « le remettez à sa place » vous mènera, à coup sûr, sur la pente opposée à celle que vous visez.
N’oubliez pas que la personne en face croit « bien faire » en vous donnant son opinion.
Pour elle, c’est un mal nécessaire quand elle vous titille car elle se sent sans doute investie d’une sorte de mission, inconsciemment.
Exemple : Une grande sœur qui n’est jamais réellement sortie de son rôle de « grande » et à qui vos parents confiaient la petite sœur, peut se sentir investie de cette mission de « vous enseigner la vie ».
C’est son rôle dans sa tête et, pour elle, c’est normal.
Quand vous déciderez d’exprimer à votre sœur que vous n’êtes pas à l’aise quand vous abordez avec elle tel ou tel sujet ; vous pourrez commencer en lui disant combien vous appréciez qu’elle se soucie de vous et que vous savez qu’en vous donnant des conseils ses intentions sont bonnes = valoriser l’intention.
Si vous démarrez votre conversation en valorisant sincèrement la personne (sur ce qu’elle représente pour vous ou ce qu’elle vous apporte), vous pourrez alors poser les limites avec bienveillance.
Pour celles à qui les exemples parlent mieux :
« Je suis heureuse quand on arrive à se retrouver avec les enfants et j’apprécie ton envie de m’aider en me donnant des conseils sur ma problématique avec le petit.
Je sais aussi que tu n’es pas dans ma tête et que si je ne te dis pas que j’aimerai que nous évitions d’aborder ce sujet, tu ne peux pas le deviner.
Ce que j’adore, c’est quand nous parlons de sujets de filles ou que tu me racontes tes histoires au boulot, ça me permet justement de décompresser et de sortir de mes soucis.
Tu veux bien faire ça pour moi ? »
Alors, je vous l’accorde, c’est super beau sur le papier et dans la réalité, les mots filent parfois plus vite que la pensée.
Accordez-vous le droit à l’imperfection !
C’est l’intention que vous y mettrez qui vous aidera à guider cette conversation libératrice.
-
Qu’est ce que ça va m’apporter de monter au créneau ?
La dernière étape (et non des moindres) consiste à faire le tri entre les sujets qui valent la peine de « monter au créneau » et les autres.
Vous réaliserez que souvent, nous nous « excitons » pour pas grand chose.
Exemple :
Votre sœur pense qu’un enfant, pour s’épanouir, ne doit jamais être puni.
Vous pensez radicalement l’inverse.
Le débat s’enflamme. Vous « montez toutes les 2 sur vos grands chevaux ».
Le repas devient un règlement de compte qui découle sur de vieilles rancoeurs remises sur le tapis pour l’occasion (« Faut bien marquer des points ! Tous les coups sont bons ! »)
Bilan :
Vous êtes énervée. « Allez les enfants, on rentre ! »
Maman pleure dans la cuisine. Papa fait la gueule sur le canapé en faisant semblant de dormir et vous faites la bise à votre sœur en vous contenant pour ne pas transformer ça en coup de tête.
Qui a tort et qui a raison ?
Qu’est ce que cela vous apporte de défendre votre point de vue sachant que de toute manière, c’est du vu et du revu et que, vous avez toujours campées chacune sur vos positions.
Vous vous voyez quoi ? Une fois par semaine (2 tout au plus), moins ?
Des heures pour redescendre en pression suite à une « prise de tête » sur vos croyances opposées qui n’aura apporté à chacune que de la frustration et de la colère, ça vaut le coup ?
Même avec des limites posées, il y aura toujours des remarques désagréables.
C’est la base de la communication :
Nous avons tous des croyances, valeurs et expériences différentes qui font nos accords et nos désaccords.
Avez-vous réellement envie de vous mettre dans des états pas possibles pour « rallier » les autres à votre point de vue ? Votre point de vue est-il supérieur au leur ou inversement ?
C’est là que nous revenons à l’étape 1 : tout dépend de ce que vous attendez de cette relation.
Si j’ai écrit cet article aujourd’hui, c’est parce que je sais à quel point c’est difficile d’avoir le sentiment d’évoluer dans l’ombre de quelqu’un et à quel point c’est libérateur de réaliser que cette personne rencontre les mêmes difficultés :
Comprendre quelles sont les limites essentielles à notre bien-être et trouver comment les poser.
Et vous, avez-vous trouvé?