Eternelle insatisfaite ou femme exigeante ?
Pendant longtemps, j’ai préféré me voir dans le second camp : c’était mieux à mon goût.
La vérité, c’est que quel que soit le sujet, tout était rarement voire jamais assez !
Pas assez belle
Il m’est arrivé de me trouver jolie à condition d’être maquillée, coiffée, habillée aussi bien que possible et vue sous le bon angle de luminosité.
Cet instant de satisfaction où je trouvais physiquement grâce à mes yeux était rare et éphémère.
Ce « pas assez » là avait pour conséquence de me faire passer mon temps entre une sorte de narcissisme qui me poussait à me regarder dans tout objet pouvant me renvoyer mon image quel qu’il soit et une sorte d’état de comparaison permanent.
Evidemment, l’état de comparaison consistait tantôt à me remonter le moral en relevant le moindre « défaut » esthétique chez les autres me rassurant quelques peu, tantôt en constatant les « avantages » que la nature avait conférée à d’autres et qui me renvoyaient à ceux que je n’avais pas.
Une forme de masochisme et de jugement gratuit mélangés.
Basique mais tellement humain ! Non ?!
Pas assez intelligente
Il en était de même pour mon fonctionnement intellectuel.
Je recherchais le reflet de mon intelligence dans les paroles, le comportement de mes parents, amis, responsables hiérarchiques et je me comparais à tout va.
Ne cherchant pas nécessairement à être la meilleure (convaincue que c’était impossible depuis l’enfance) mais cherchant éperdument une reconnaissance chez l’autre qui me permettrait de me sentir enfin assez intelligente.
J’en ai relevé des défis, poussée par l’envie d’acquérir un statut social, professionnel et des bravos.
L’un d’eux me menant sur une pente très raide bien difficile à remonter : celle de l’épuisement professionnel.
D’aussi loin que je m’en souvienne, il m’a toujours semblé avoir autour de moi des personnes responsables de ce manque de confiance en mes capacités intellectuelles.
Responsables par:
- des mots absents que j’aurai eu besoin d’entendre,
- des encouragements manquants quand les résultats étaient plus durs à obtenir,
- des comparaisons qui blessent,
- le sentiment de n’exister toujours que dans l’ombre d’une ou d’un autre.
Je leur en ai voulu pour ça !
Et je me suis battue toute une partie de ma vie pour leur prouver qu’ils avaient tort alors que moi-même je n’en étais pas réellement convaincue.
Pas assez aimable, pas assez aimée
La culpabilité : ma fidèle assistante.
Toujours là, à toute heure, prête à écouter mes doutes, mes idées, mes peurs et à me conseiller.
Ses conseils, à vrai dire, prennent plutôt la forme d’un constat amer qui tourne en boucle :
« Tu n’es pas assez gentille ! »
Une phrase de travers, une limite déplaisante posée, une émotion trop forte exprimée, un comportement, une réaction pas assez bien….comme il faut….
Et bam !
« Qu’est ce qu’ils doivent penser ?! Tu n’es pas assez gentille.
Pourquoi tu as dit ça ?!
Et s’ils arrêtent de t’aimer à cause de ça. Tu auras tout gagné !»
Pas assez douée
Un jour, j’ai compris (enfin j’ai cru comprendre) que mon problème était simple : je n’étais douée pour rien en particulier.
Certains sont très intelligents. Ils font des études brillantes et ils aiment étudier.
D’autres sont souples, forts, créatifs.
Moi, j’étais drôle parfois, sympa, moyennement intelligente, moyennement sportive (j’aimais ça par contre mais rien à faire, jamais la meilleure !)
Bref, j’étais Madame tout le monde, une fille banale.
Le genre de fille qui passe dans la vie des autres en laissant un souvenir sympa la majorité du temps mais sans vraiment marquer non plus les esprits.
Pas assez de personnalité
Et puis un jour, pour diverses raisons, j’ai pris une coach.
Je me souviens du grand moment de solitude que j’ai éprouvé quand elle m’a demandé pour quoi j’étais douée et quelles étaient mes passions.
« Rien de spécial en fait !
Je ne suis ni bonne, ni mauvaise…le genre moyenne en tout !
Je n’ai pas réellement de passion à vrai dire »
Elle a souri mais elle ne m’a pas lâchée.
« Nous avons tous un truc. Tu vas le découvrir ! »
J’en ai eu assez
Ce jour là s’est produit quelque chose de bien particulier pour moi :
« J’en ai eu assez »
Assez de ne même pas savoir moi-même qui j’étais, ce que j’aimais et pour quoi j’étais douée.
Assez de me sentir bête, pas assez belle, trop blanche, trop blonde, trop cruche, pas assez créative, audacieuse….et juste surfer sur la vie sans vraiment avoir de but ou de passion qui m’habite vraiment !
Ce jour là, j’ai commencé à croire qu’il y avait peut-être quelque chose d’inexploré.
« Et si elle avait raison !
Si j’avais, moi aussi, un truc à moi.
Ce serait franchement dommage de passer à côté, non ?! »
J’ai découvert, avec le temps, que mes dons et mes talents, je les utilisais depuis toujours mais sans les voir.
Apprendre à voir ce qu’on a déjà au lieu de courir après tout le reste.
Ca peut sembler simpliste : juste modifier son angle de vue pour que la vie devienne plus belle et passionnante. Je sais !
Apprendre à lâcher un peu chaque jour de ce perfectionnisme, cette exigence qui me rendait toujours insatisfaite, un peu comme un puits sans fond qui ne peut jamais vraiment être rempli.
Et à partir de ce jour, j’ai eu le sentiment que les personnes qui m’entouraient m’en donnaient plus.
J’ai découvert la satisfaction 😉 Et j’adore ça !
« Nous supposons que tout le monde voit la vie comme nous la voyons.
Nous supposons que les autres pensent comme nous pensons, qu’ils ressentent les choses comme nous les ressentons, qu’ils jugent comme nous jugeons.
(…) C’est la raison pour laquelle nous craignons d’être nous-mêmes avec les autres, car nous pensons qu’ils vont nous juger, nous maltraiter et nous critiquer, comme nous le faisons nous-mêmes.
C’est pourquoi, avant même que les autres puissent nous rejeter, nous nous sommes déjà rejetés nous-mêmes. »
Extrait: Les Quatre Accords toltèques – Don Miguel Ruiz
Merci pour cet article Nadine ! Hi hi hi ….c’est tout à fait moi…aussi 😉
J’espère que tu t’es rendue compte que « l’écriture » était un de tes nombreux talents 😉
Bravo !
Merci Céline <3